mercredi 6 janvier 2016

nuits noires

Il regarde par dessus les eaux,
convoite un horizon nouveau,
rêve d'empire, d'or et de domination.
Il s'arme, s'envole, appareille, pilonne,
il atterrit, accoste puis arraisonne
Il envahit et dévaste sans rémission,
Il occupe, exploite, réquisitionne.

Il désire, dévore, détruit, déchire
arrache, arase, abat, assassine
puis se détourne des terres qu'il a brûlées,
des océans qu'il a vidés,
des montagnes qu'il a rasées,
des plaines qu'il a épuisées.

Il vole et viole, jusqu'à rendre folles
celles qui pourraient être ses soeurs,
il torture et broie insensible à leurs pleurs
ceux qui pourraient être ses frères.
Il séduit ou soudoie, conspire et noie
trahit le sourire aux lèvres.

Trois petits tours trois petites morts puis s'en va
laissant derrière lui silence et vide,
des nuits, noires où sonne le glas,
blanches pour ceux qui lui survivent.

Toi tu cries c'est un blanc,
il a les yeux bleus des mers qu'il a dévastées,
des mains faites pour serrer et nous étrangler
Il n'aime que l'argent
Blanc c'est un homme blanc,
il asservit colonise vend
organise le monde à sa main,
assoie sa puissance sur nos reins,
de nos peaux de couleur il ne laissera rien
Trois petits tours et puis s'en va,
Trois petits tours et puis voilà.

Blanc, c'est un homme blanc
mais comme toi homme
toi qui approches la haine
et voudrait sa mort prochaine
tu attends son heure et quand il faiblira
tu t'avanceras, tu l'achèveras, tu te vengeras
pour toutes les guerres que tu as perdues,
pour toutes les tortures dont tu as souffert.

Quand il sera perdu, que tu l'auras vaincu,
asservi, avili, acheté, accablé,
quand tu auras vidé les mers et les terres,
que tu auras rasé l'ultime montagne,
anéanti la dernière campagne,
il dira : tu es blanc,
tes yeux ont le bleu des mers que tu as mises à sang.
Quand il n'y aura pour nous qu'une nuit noire
noire de notre désespoir,
il se soumettra, te servira, attendra
il attendra et quand tu faibliras...