lundi 28 décembre 2015

Séance de gym

Elle est arrivée dans le gymnase vêtue de noir assez pour les conventions, nue suffisamment pour appâter le mâle par quelques rondeurs à fleur d'un juste au corps très justement ajusté, bordé pour tirer des bords au plus prés du musc animal, animale équipée pour de folles équipées de soie et de feulements. Elle est arrivée plastique, lisse avec dans son sillage l'appel du corps à corps. Elle est souriante et convenue, avenante, consciente de l'impression qu'elle laisse dans la rétine et l'imagination de ceux qui font comme s'ils ne faisaient pas attention mais dilatent leur pupille jusqu'à l'enlacer, la déshabiller un peu plus que ce qu'elle est mais sans trop. On est entre gens du monde n'est ce pas et on sait se conduire. Elle sait se conduire, entre chiens et chats elle aiguise le regard, affûte le désir. Elle surfe sur son image et son entrée.
- Bonjour.
Elle parle aussi mais ça se gâte, elle rit aussi et ça se gâte, elle se laisse aller au sport qu'elle vient pratiquer et ça se gâte par des mots, des non mots et des silences aussi. Les yeux des quarantenaires ou des trentenaires s'attendrissent un peu, excusent surtout, protègent, assistent, soutiennent la fragile panthère. Mais il manque une note dans la symphonie, un accord majeur dans la rythmique, il y a un bémol à la clé dans une harmonique qui ne jazze pas complètement et les regards se ternissent un peu ou s'accrochent sélectivement à l'ondulation du body, la compression du haut de son corps dans le mouvement. Ceux là choisissent le sens purement animal, se disent ma foi... Elle,  continue, apparemment vierge de tout pressentiment, poursuit sa partition dans la danse des bras et des jambes, des sourires, des yeux en coin, des paupières que l'on baisse. Elle fait son choix discrètement mais sûrement, élimine conserve, se détourne contourne, effleure, affleure ses charmes à bon escient. Elle vit tout simplement.