mercredi 11 novembre 2015

Aïe-phone


Chaque soir à la nuit tombée et quand ça sentait bon le sapin de Noël, il sortait arpentait les rues, se gavait de lumières, de jingle bells, de joyeux Noël, il s'arrêtait devant des boutiques rétroclairées comme des écrans de phone. Il se collait le nez contre leur vitre léchait leur verre avec l'envie qui lui serrait le ventre, lui vrillait les intestins. Cet Aïe Phone, le Sept, le dernier né de la gamme, avec un hochet pour les bébés, sa coque aux couleurs du Barsa, trop cool juste celui qu'il voulait, trop bon… trop con, je n'ai pas de ronds.

Petite voix malhonnête :
- tu connais pas le slogan ?
Lui :
- Quel slogan
-Si tu peux pas l'acheter...
-Je sais pas voler
- Mais t'as vu comme il est beau, il est vraiment trop chou, regarde regarde mais regarde !
- C'est vrai, j'en rêve, il irait très bien dans ma main, son écran doit être doux, ses couleurs, ses musiques, son ronronnement... Arrête, je sais pas voler, je te dis!
- Casse la vitrine...
- J'suis trop nul!
- Et les filles tu as pensé aux filles, Malika, Loane, Sue, la belle Sue avec ses yeux d'amandes, sa peau blanche, la petite vague qui agite son pull quand elle court, ses jambes longues, longues, longues… la belle Sue aussi belle que le Sept.
- La belle Sue et ses lèvres… sa peau, son parfum... et toutes ces belles Sue… c'est trop top...

Bruit de verre, sirène, alarme, vitrine, du sang, l'aïe-phone…
- Mon icône, mon aïe-cône.

Je veux, je vole, j'ai mais je veux encore. Sept, Huit, Neuf… qui vole un œuf...