mercredi 28 octobre 2015

Homme en fuite

Haletant, je cours les yeux vissés sur l’arrière et la route s’inquiète de la précarité de ma course.
Derrière. Les voix claquent comme des balles. Tout près. Derrière, un goût de sang partout qui les rend fous.
Le cœur panique devant l’ardeur des traqueurs. Terreur !
Mes jambes ont pris le risque de me ralentir. De toute façon, le feu brûle le peu d’air que mes poumons essoufflés libèrent. Enfer !

Eux :
- Voleur ! Violeur ! Assassin !
A mort piégeur d’âmes, à mort ! Pour les crimes que nous avons commis ou non et qui cognent à nos tempes, à grands coups de haine. Libère nous de la honte. Rend- nous pour un instant le costume des braves gens. Porte notre noirceur et nous blanchis.

Moi :
- Hier Je marchais solitaire sur des chemins loin des hordes sauvages et rumeurs urbaines. Je cultivais mes images et mes mots sous le couvert de mes rêves, à l’écart des rings et des masses exaltées par le spectacle des rivalités, des combats acharnés!
Je passais affublé de mes ritournelles. Mais j’ai dû chanter trop fort, trouer leur plainte. Ils m’ont vu. Ils ont flairé le colporteur d’un étrange langage. Celui -qui-sent-le-bizarre. Le descendant de tous les mal faiseurs. Porteur des virus d’une peste nouvelle, réplique des grandes épidémies galopant dans tous les moyens âges. Il faut éradiquer les mécréants! 
 
Et je fuis haletant, le destin sur mes traces
- un horizon barré par des circonstances aggravantes –
Vers plus loin que quatre barreaux.
Le vacarme de mon cœur contre mes tempes.
Je fuis.
Avec au tréfonds de ma mémoire, l’image obsédante d’un ancien entendu… 
 
Mais lui, était resté droit face à nous. Il avait endossé nos humeurs bileuses et nos relents cholériques. IL croyait en nous disait-il. IL avait versé son sang pour nous et nous nous y étendrions !
Moi je voudrais vivre ! Hors de vos routes ! Vous n’aimez pas sans doute. Aller de mon pas en compagnie du doute. Quelques fois vous rejoindre dans vos auberges. Ou vous accompagner le long de vos berges, comme familier de votre cité.
Vous me diriez combien vos enfants ont changé. Je raconterais les idées que j’ai chassées au fil de traces à peine marquées. J’envierais votre bonheur douillet et vous ma liberté de voyager.
Stop !
Derrière, la peur nourrit la meute de toute sa hargne ! Qui voudrait qu’on m’épargne ?

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