lundi 5 janvier 2015

Ouragan ou table rase

Photo : flickrhivemind.net. Inondations Montpellier 2014
 

Tout va à vau l'eau.
Et tant va l'eau à l'eau qu'à la fin elle inonde de son flot boueux les champs et les rues, déborde de son lit sinueux sur nos vies et nous noient.

Va.
Va t'en rouler ta boue ailleurs.
Ici la vie tangue
l'eau gifle
et le vent siffle.
Dans sa voix le fond du chaos.

Le ciel trop lourd de nos erreurs rampe à même le sol
heurte nos toits, accroche nos forêts,
dans les coulisses du chaos le pas des dieux qui résonne
et le souffle des anges qui couche nos vies comme des fétus de paille.

Le ciel obscurcit nos pensées,
ébranle nos certitudes.
Le déluge appelle Noé
et l'homme se rappelle de Dante...

Quand le ciel touche la terre,
qu'il se déleste de notre crasse
comprimée dans le bleu de son humeur
jusqu'à la tempête, 
l'ouragan lessive, l'ouragan soulage...

Le vent se calmera, l'eau se retirera
et l'azur allégé de nos déchets rejoindra les sommets.
Nous sans voix consternés désarmés nus, pleurerons nos morts,
demanderons pourquoi une telle clameur.

Et nous baisserons les yeux,
et nous jaugerons notre faiblesse
à l'ampleur du carnage dans le champs des batailles,
la terre des hommes immense décharge de bois disloqués, maisons éventrées,
tôles tordues, cadavres flottant dans leur misère.

Et dans ce malheur immense, je te tends la main mon frère,
pour un très court instant réconcilié avec toi-même.

Texte, © Joël Carayon

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