lundi 19 janvier 2015

Espoir


Des notes gouttes à gouttes, partition de ce matin, matin d'hiver. Pluie de gris et de chagrin.

Des notes gouttes à gouttes s'engrossent puis tombent de feuilles en feuilles.

Entre elles le silence, le silence du froid, du froid immobile. 
 
Des notes gouttes à gouttes s'égouttent.

La pluie grève l'espoir, l'espoir notes après notes perle de nos vies et la vie que le désir déserte s'affaiblit gouttes après gouttes.

Et la boucle s'enroule petite coquille vide, colimaçonne dans son gris ni de jour ni de nuit.

La vie étale s'affale sur son étal de nuages fades,

goutte à goutte pluie de gris et d'argent ruisselle en ce matin, matin d'hiver,
mélodie de cristal humide où nos yeux se vident de leur plainte,

Notes et gouttes unies dans la profondeur d'une symphonie où je me perds,
un très bref moment livré au respir d'une infinie profondeur d'où j'entends battre, lointain et sourd, le rythme de toute chose.

La lumière en jets épars gagne sur l'ombre et la grisaille, l'argent du deuil embelli de l'or d'un jour meilleur.

jeudi 15 janvier 2015

Les jours après le jour...


Un pays avec des îlots entre de profondes crevasses. Sur ces îlots des hommes ignorants des autres hommes sur leur îlot. Un pays de gerçures où des profiteurs ont appris à circuler et qui détruisent toute tentative de passerelle.
Chassons ces agents d'une internationale de la peur, ces hommes qui se complaisent dans la colère.

Aujourd'hui je suis inquiet pour nos enfants et petits enfants, pour vous également hommes et femmes de l'immigration, de toutes les immigrations, vous qui défendez aussi la liberté d'expression, expression de notre corps, de nos idées, de notre liberté, vous qui dites non à ces ombres qui nous rongent, nous assaillent ou nous tuent, vous que le courage expose au marteau ou son enclume. Aujourd'hui j'ai peur pour vous mais j'affronterai ma peur.

Je ne lui donnerai pas le visage de l'étranger, je ne me laisserai pas aller aux représailles. Je repousserai tous ceux qui exhortent à la guerre « sainte ». Comme si une guerre pouvait être sainte. 

Et moi l'athée, l'agnostique, je ne serai ni la voix qui pousse ni la main qui frappe. D'ailleurs je ne pense pas qu'une seule religion appelle à tuer son prochain. Par contre je crois à l'hypocrisie de ses croisés qui veulent à tout prix séparer le bon grain de l'ivraie, le bien à mon image de l'autre « mon enfer ». 

Je ne serai jamais raciste envers qui que ce soit mais de mes petites mains je me mettrai en travers du chemin de ceux qui organisent la colère, la peur et la convertissent en violence. 
 
Ma conviction loge en laïcité, ma foi est dans l'humain, mes moyens sont la parole. Je ne serai ni suicidaire ni soumis. Et si jamais un jour j'étais férocement contraint de me taire, je mettrai une peau d'âne, je serai corbeau ou renard. Je ferai parler les animaux.

mercredi 14 janvier 2015

Liberté

Belle de bitumeDans la terre asséchée, dans ses douves remplies du sang des prométhées, une fleur, de pissenlit, de chardon, une pâquerette, un liseron, une fleur de terrain vague mais fleur quand même. Une fleur sans terreau, sans engrais, sans eau additionnée, fleur de caniveau, fleur de Gavroche, fleur des gravats, jaune ou blanche, sans noblesse de corolle, fleur discrète et simple qui s'accroche à la vie, vivace et rustique.

mardi 13 janvier 2015

Ceci n'est pas du racisme

Pas d'image pour ce petit message. je viens de lire l'intervention de Netanyu, sur "20minutes.fr".

"Netanyahu dit aux juifs de France qu'Israël est leur «foyer», Manuel Valls lui répond..."

Il y a eu des victimes juives. C'est déplorable. Il y a eu aussi des dessinateurs me semble-t-il  et des personnes plus modestes qu'il ne faut surtout pas oublier, surtout pas. Alors cette phrase plutôt sectariste à mon sens, est une provocation. On pourrait faire bien des reproches à ce monsieur Netanyu, premier ministre, notamment de s'être imposé dans le défilé parisien à des fins électoralistes (RFI ou encore le "Huffingtonpost"). Allez donc voir pour vous faire votre propre opinion. 

Question : ne faudrait -il pas montrer un soutien plus ferme vis à vis des musulmans qui dénoncent le terrorisme, ces français pris entre deux feux?

Surdose


photo sur le site lafargue.langevin.free.fr
Ensemble, quel mot, putain quel mot, je n'y croirai jamais tout à fait.
Ensemble tu peux pas imaginer,
quand ça arrive ça te fait pleurer.
Et tu te dis c'est un rêve,
seulement un rêve, bien trop beau pour la vie, la rue, la besogne quotidienne,
je vais me réveiller...

Et tu te réveilles en effet 
avec une sacrée gueule de bois.
Derrière les yeux le pays de l'Ensemble.

Ça y est je suis mordu,
j'ai la dope dans mes veines
qui circule et qui me brûle.
Envie d'une dose encore et encore
jusqu' à l'over, l'overdose.

lundi 12 janvier 2015

liberté d'expression


Rire

Rire aux éclats
rire aux larmes
plus loin que les armes
à gorge déployée
le poing levé

rire
pour me sentir libre
jusqu'au défi
jusqu'à mourir

rire de tout
pour ne pas haïr
ne pas tuer
pour conjurer la peur
dompter l'insoutenable
contenir la mort
continuer de vivre.

jeudi 8 janvier 2015

Charlie

Encore un hommage


Charlie

"Je ne suis pas d'accord avec ce que vous dites, mais je me battrai jusqu'à la mort pour que vous ayez le droit de le dire”. Voltaire.


Ils t'ont assassiné Charlie parce que tu parlais et dessinais envers et contre toute menace et ça ils n'aiment pas. A leur décharge il faut dire que tu étais lourdement armé avec ta plume et ton crayon trempés dans l'ironie et la liberté d'expression. Ça fait un grand trou dans ton journal et dans mon présent, avec de la colère autour, des envies de vengeance peut-être.

Alors je prends mon petit stylo bricolé maison et je leur tire dessus de toute mon encre noire, la plus noire possible parce que je suis en deuil. Je les mitraille avec mes mots d'homme ordinaire mais libre.

Je ne me soumettrai pas et je ne céderai pas à la peur. Je ne ferai pas l'amalgame, je ne prendrai pas le chemin facile et confortable du racisme et de la violence. Charlie, je n'ai pas le droit de te décevoir pour ce que tu m'as donné avec tes dessins, ta verve au vitriol, la plus redoutable des bombes apparemment.

Tu m'as accompagné, tu m'as rassuré quand je me sentais bien marginal avec mes idées de gauche, mon désir d'humanité et de partage, ma révolte devant l'injustice. C'était réconfortant quand ça chauffait trop fort sous mon capot de prof. Tu dessinais l'endroit de ma révolte. Aujourd'hui je suis orphelin de conviction et je pleure.

Charlie je ne te laisserai pas tomber. Avec toi c'est ma liberté qu'on assassine. 

 

Déjeuner























Aujourd'hui il fait beau,
quelle banalité.
La pie jacasse sa gaieté dans son pin
la colombe en roucoule.

Et moi je trempe ma tartine du matin
dans ce bain de lumière, dans ma rage de bonheur,
je mords dans ma tranche de vie
de tout mon bleu d'azur, de toute la virginité d'un air à peine né,
jusqu'au débordement, jusqu'à l'épidémie,
jusqu'au désespoir.
J'en pleure de rire
j'en ris de bonheur,
je m'enduis de joie...

je m'ennuie de toi,
le calice de mon vertige
la cerise sur mon bonheur.
Que mon virus se propage
sur tes lèvres,
hilarant exubérant,
sur tes yeux,
beaux comme l'or de ce matin.

Texte, © Joël Carayon
Photo Martin Beek , le déjeuner sur l'herbe de Manet



mercredi 7 janvier 2015

CHARLIE


Charlie assassiné pour délit de libre expression et pour avoir défendu le droit de rire de tout en démocratie. Mais je me refuse de penser que la majorité des musulmans pratique cet islam là. 
Parole d'agnostique ou d'athée.

La vie est belle


Cet arbre échoué sur notre plage avec ses branches tordues comme la misère du monde c'est pas bon pour nos enfants, cette mer sans cesse à recommencer vague après vague pas foutue de déferler sans danger, enlève moi tout ça,

il y a aussi du beurre dans tes épinards, du lait dans ton café, du malheur dans ton bonheur, enlève moi tout ça,

Il y a des gens louches, embêtants et sales avec leurs chiens jaunes ou noirs qui grognent, aboient et chient partout où je pose mon pied, avec des accents étrangers, des cheveux en crête  raides à tailler les murs, enlève moi tout ça,

des oiseaux qui bombardent nos rues de leur fiente repoussante, ce satané papy boum plein de rides et de trous de mémoire qui touche sa pension sans sourciller pendant que je galère dans mon chômage, enlève moi tout ça,

des jeunes et des smartphones qui se facebookent, se twittent, hashtaguent même en dehors du printemps, qui dansent rient boivent, se tuent et ça dérange après vingt deux heures puis y a moi qui crie je t'aime parce qu'à notre âge on entend très mal, enlève moi tout ça,

Puis il y a la vie – tiens qui bouge et nous ennuie, la vie qui bout bouillonne et fait trop de bruit, ça tonne ça détonne ça entonne tous les chants des quat'saisons.

La vie qui me dit surtout ne touche à rien car tout me va, une fleur dans un arbre mort, un enfant au bras de son grand papa, 

la vie qui pue ou qui sent bon mais ne sent pas l'alcool ni le javel, ni le parfum de chez Dior ou d'ailleurs. 

Y a la vie et c'est dangereux parce qu'elle peut nous claquer entre les doigts.
  
Texte, © Joël Carayon 
Photo : affiche du film du même nom.

 

 



mardi 6 janvier 2015

Enigme

D'abord le regard s'enthousiasme des couleurs et des volumes -or et argent en fusion, puis suit le chemin d'un ciel à vif à l'aplomb de l'eau. Vient ensuite l'énigme posée par l'immensité de ce qu'embrassent les yeux, le mystère immobile des rouges flamboyants dans la froideur de l'étain. Obsédante question de l'être. Qui voit, s’émerveille ou se tait, pense celui qui contemple l'écho, l'éclair réfléchi du miroir de l'eau vers le ciel à son image. Le vertige d'un abîme où je pose un quelque part pour échapper à la folie.

Texte et photo : © Joël Carayon

lundi 5 janvier 2015

Ouragan ou table rase

Photo : flickrhivemind.net. Inondations Montpellier 2014
 

Tout va à vau l'eau.
Et tant va l'eau à l'eau qu'à la fin elle inonde de son flot boueux les champs et les rues, déborde de son lit sinueux sur nos vies et nous noient.

Va.
Va t'en rouler ta boue ailleurs.
Ici la vie tangue
l'eau gifle
et le vent siffle.
Dans sa voix le fond du chaos.

Le ciel trop lourd de nos erreurs rampe à même le sol
heurte nos toits, accroche nos forêts,
dans les coulisses du chaos le pas des dieux qui résonne
et le souffle des anges qui couche nos vies comme des fétus de paille.

Le ciel obscurcit nos pensées,
ébranle nos certitudes.
Le déluge appelle Noé
et l'homme se rappelle de Dante...

Quand le ciel touche la terre,
qu'il se déleste de notre crasse
comprimée dans le bleu de son humeur
jusqu'à la tempête, 
l'ouragan lessive, l'ouragan soulage...

Le vent se calmera, l'eau se retirera
et l'azur allégé de nos déchets rejoindra les sommets.
Nous sans voix consternés désarmés nus, pleurerons nos morts,
demanderons pourquoi une telle clameur.

Et nous baisserons les yeux,
et nous jaugerons notre faiblesse
à l'ampleur du carnage dans le champs des batailles,
la terre des hommes immense décharge de bois disloqués, maisons éventrées,
tôles tordues, cadavres flottant dans leur misère.

Et dans ce malheur immense, je te tends la main mon frère,
pour un très court instant réconcilié avec toi-même.

Texte, © Joël Carayon