jeudi 2 octobre 2014

Bienvenito


Un refrain se balance sous des cocotiers.
La ville.
Immeubles fiers et joyeux derrière leur façade décrépite.
Bienvenue Social Club.

Moteurs, marteaux piqueurs et la chanson El Campesino.
Les rues pleines des saveurs de la lumière avec les mâles qui regardent les femmes qui cherchent les mâles.
La musique glisse nostalgique se faufile sous les chemises tout près de la chair et les corps palpitent .
Piano et harmonie acidulés pudiquement se racontent rue des hommes au regard et cheveux noirs.

Les cœurs enflammés d'une gaieté blessée tournent et dansent.
Il y a des roulements dans la langue, du San dans leur foi.
La musique chante la rue sale, les façades noircies.
Des voix des rires des pleurs d'enfants.
Accords d'une vie hors America.

Il sont vieux.
Ils chantent, avec leur vie devant le micro.
Noirs et costumes blancs.
Joies gaieté guitare et blocus.
Trompettes et salsa.
Les filles se déhanchent, roulent leur fesse.
Elles savent qu'avec la musique monte l'ivresse.
Et leurs épaules se trémoussent, jouent sous des chevelures noires.
Gaieté. Gaieté sensuelle.

Les voix éraillées par le rhum ou élimées par le tabac
humblement se racontent du haut des balcons.
Et la rue les pleurs des enfants, les cris en arrière des chants,
les verres qui tintent,
les moteurs qui ronflent familièrement.
Le rhum.

Meringué, Cha Cha ou Salsa.
Le pianiste rit de ses noires et de ses blanches.
Des voix en échos résonnent dans les airs du vieux piano.
Benvenito Santiago de Cuba.
Sa figure et sa peau fatiguée.

Les clameurs du Son.
Vieille Buick au chrome piqué,
sans roues, abandonnée.
Murs de vert-pomme, chemise en accord.
Fenêtres arrondies au verre de rouge et bleu alternés.

Pincement léger d'une contre basse qui chantonne.
Applaudissements estompés.

Hasta la vista, hasta la vista Cuba .

Filles à marier.
Œillade à l'Americano. 

©  texte propriété Joel Carayon
 

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