vendredi 31 octobre 2014

Si j'osais



Un printemps vert et dur comme du bois,
avec sous l'écorce l'amour qui circule,
roule ses eaux chargées des glaces de l'hiver...
Si j'osais !

Mon printemps fouille tous les recoins de sa vie,
gazouille et rit.
Gazouille...
si j'osais !.

Sa peau juteuse et généreuse s'ouvre en chants fleuris,
sa sève éclate en bourgeons épais,
mouille...
si j'osais !

L'amour, quel vacarme !
les regards s'appellent,
les chairs se cherchent,
violemment se serrent,
se pénètrent, grouillent...
si j'osais!

Ouille, fouille, rouille 
et pourquoi pas vert-bois ou bois dur...
Si j'osais !

Mouillent grouillent,
fouillent gazouillent...
amour plein…les poches.
Si j'osais !
©  texte propriété Joel Carayon

jeudi 30 octobre 2014

Mon toi, ton moi

Toi mon visage et moi ton âge, toi mes rides et moi ton souffle,
toi mes pensées sombres ou gaies, moi tes souvenirs,
toi mon image moi ton cri,
toi mon rire et moi ton corps qui se courbe, toi mes cheveux d'argent,
moi ta tendresse, toi ma caresse,
toi du coin de l’œil et moi à la dérobée,
toi moi nus, mis à nus,
toi ma fragilité, moi ton passager,
moi qui t'aime et toi ? Toi qui m'aimes et moi ?
Mes yeux dans ton regard, mon illusion inquiète,
toi moi et toi et moi...ne diront jamais nous .

©  texte propriété Joel Carayon

mercredi 29 octobre 2014

Toi

Je marche sur cette rue baignée de soleil
dans l’ombre discrète de ses tilleuls dorés,
le corps habillé du mouvement doux de tes caresses,
sur les lèvres la trace de tes baisers imprimée,
avec sur mes pupilles l’ombre de ton corps projetée,
dans mes oreilles le murmure humide de ton souffle,
avec au bout des doigts la rondeur de tes seins
et ton parfum qui m’entoure et me précède.

Dans la peau, colorée des pigments nocturnes
comme un superbe tatouage.

photo Madalena Pestana
©  texte propriété Joel Carayon

mardi 28 octobre 2014

Dur amour

Elle passait sur le fil de l'eau, marchait sur la rive, faisait les cent pas sous ma fenêtre où je la dessinais du bout de mon index. L'amour m'a jeté dans ses bras, puis il m'a rendu aveugle et je ne voyais plus qu'elle dans mon for intérieur.
Il m'a conduit jusqu'à son cœur qui palpitait jusqu'à se rompre sous ma main à moins que ce ne fut le mien hurlant à mon oreille qu'il aurait mal plus tard et ça lui donnerait la nausée ! Alors l'amour m'a rendu sourd et je n'ai plus entendu qu'elle dans le creux de mon oreille.
Je l'ai aimée aimée à plein cœur jusqu'à satiété mais l'amour m'a quitté par une belle nuit d'été, puis m'a repris pour me pousser dans d'autres bras pour d'autres musiques. Depuis il ne cesse de jouer avec moi comme d'un yo yo qui monte et descend dans un joli balancement sur une corde tendue avec un arc aux extrémités.
Un jour l'amour m'a blessé d'une flèche mal ajustée, j'ai souffert et mon cœur a flanché. Jeté, abandonné, aveuglé, assourdi, blessé l'amour me veut bien du mal et je ne comprend pas pourquoi.
dessin Gotlib

©  texte propriété Joel Carayon

samedi 25 octobre 2014

Terre d’asile



Laisse l’enfant bâtir ses souvenirs
Comme châteaux en Espagne
Loin de notre rancœur, de nos crépuscules.


A la noirceur tombée,
Quand ne reste au palais qu’une acerbe fadeur,
Homme il retournera vers ses images en friche
Pour puiser à même leur candeur oubliée
La vigueur d’un espoir.

Patsy Van Roost, Ici un souvenir, 2013
©  texte propriété Joel Carayon

vendredi 24 octobre 2014

jeudi 23 octobre 2014

Femmes

Nus, les bras nus et les épaules aussi et votre corps.
On ne les veut que nus, nus pour nous.
Femmes vous voilà nues, nuées de seins, de jambes, de sexe, nus.
Vous portez si bien le nu.
Nues et belles aussi,
pour nous offertes à nos regards qui déshabillent vos nus,
qui parcourent courent à l'essentiel de votre chair exposée admirée désirée,
couchée sur des divans de rêves, haletantes dans nos nocturnes divagations,
ouvertes, soumises, ou succombantes à nos charmes hypnotiques.
Sur nos pupilles plus nues que nues et si guerre il y a, vous devez la perdre.

Femmes découvertes pour nous et nues pour nos démons.
Femme nue -pécher dans l'oeil du mâle- comme une poussière irrite.
Femmes recouvertes de la tête au pied par notre désir d'homme,
femmes nous Vous chassons, nous Vous repoussons.
Femmes sous votre voile anonymement nues, dangereusement nues, cachez, cachez jusqu'à votre nom, cachez jusqu'à l'ombre de nos fantasmes.

Mais.

Femmes Mères, grosses de nos inquiétudes, gardez sur votre Sein Maternel la trace de notre passage, de notre Humanité, nous accrochés à votre peau, à votre Maternelle Nudité.

Femme ta fonction crée l'organe.
Mère nue n'est pas nue.
Femme mère, sans organe sans orgasme ;
amante -vierge d'enfants- darde notre sexe d'un appétit coupable.

Odalisque, photo

©  texte propriété Joel Carayon

 

mercredi 22 octobre 2014

Ombre découpée dans un carré de soleil…

Ombre découpée dans un carré de soleil à contre-jour. Double inconsistant d’un corps brillant de lumière. Les yeux qui passent dans son champ sont capturés. Et là tout bascule.
L’ombre s’approche et le corps se dessine. Les avant- cœurs dansent leur vie de charme au rythme des jambes. Ils appellent le regard de leur mécanique ondulatoire. Appel convaincant. Au-dessus - si tes yeux arrivent à se détacher- un visage avec le sourire dans un coin des lèvres pour dire ce que la bouche tait.
L’ombre marche – sur un trottoir ?- poussée par un été généreux dans sa robe de jeunesse.
Tes yeux voudraient bien la toucher du bout des cils, glisser discrètement sur sa peau. Tes yeux secoués par une déferlante qui s’enroule puis se déroule comme une danseuse espagnole. Avec tout au fond, le claquement des talons qui éclaboussent la rue.
Ils voudraient bien que deux mains les prolongent, enveloppent le corps puis doucement se posent sur ses hanches. Mais les mains voudraient bien d’une bouche avec deux lèvres pour jouer leur partition dans la chanson, d’une peau qui dise oui de toute sa chair et son esprit aussi.
Là-bas. Le regard se pose sur les hanches. Les bras renversent délicatement le corps sur les cuisses, le serre un peu contre la poitrine. Les doigts affleurent la peau. La voix vibre de toutes ses cordes et le chant sonne d’arpèges langoureux.
Lui pose la mélodie et elle la joue de tout son être de bois. Leurs yeux ne voient qu’un fond d’ombre où sourd une cascade d’effervescence. Ils étancheront leur soif musicale à l’âme de cette eau. Puis elle se figera dans sa posture de guitare. Il l’étendra dans sa couche recouverte de velours rouge et ils s’effaceront dans l’ombre épaisse de la scène.
Fin de concert. A demain.

©  texte propriété Joel Carayon

mardi 21 octobre 2014

Voisinages





Pas sûr.
Non, sûr de rien!
On ne peut être sûr de rien.
Aujourd'hui ni demain... et que sera demain?

La mort la misère,
l'épidémie la contagion,
la contamination, la cont...le contact. Ne pas avoir de contact. 
Ne plus toucher la main de mon voisin. Se laver les mains, se laver l'esprit. 
Et ne pas toucher le monde. 
Ou alors avec des gants … Mettre un masque? 
Ne pas toucher le monde de ses mains nues.

Bizarre,
tout est bizarre.
Pas catholique mon voisin ni blanc comme neige.
D'ailleurs... serait-il d'ailleurs? 
 
Menace,
qui me menace?
Mon voisin, l'air de rien avec ses mains sales, ses idées étranges, son visage, 
sa couleur, son sang.
Menaçant voisin avec dans ses bagages, virus, chômage, cotisations, dette, crise, crises, vol, viol. Voile, voilé.

Attention !
Contact, Ne pas toucher.

ATTENTION. 
 
Fermer les portes et les frontières
Fermer les yeux. sur la misère, la mort, l'épidémie.
Leur misère, leur épidémie! Trouble misère, trouble fête, trouble voisin.
Troubles, terreur, terrorisme.
Mon voisin, sombre voisin.
Sa langue qui racle, dit des choses que je ne comprends pas. 
Dit du mal, maudit.
Maudit voisin!
Blind suspicions de David Goehring

©  texte propriété Joel Carayon
 

vendredi 17 octobre 2014

Vieux

Un vieux ça baise?
Ça aime un vieux,
ça se tient par la main, un vieux,
ça s'embrasse dans la rue avec dans les yeux toute la jeunesse du monde?



Ça aime la peau d'autres vieux,
ça titube en marchant sans avoir bu,
ça se dénude et ça montre ses ventres qui tombent en cascades rebondissantes de plis en plis?

Ça serre sa vieillesse contre d'autres vieillesses ?

Ça sent la mort, ça pue,
et ça ose vivre encore ?

C'est dégoûtant, un vieux !
C'est dégoûtant !

jeudi 16 octobre 2014

Oasis


Là-bas devant nos pas gonflés
par nos souhaits les plus secrets,
là-bas laborieusement retenue,
serrée contre nos rêves,
désespérément bâtie d'un espoir fragile,

faites qu'elle existe.

Là-bas, dans sa posture sauvage
l'écriture d'un vertige,
l'envers de nos blessures

faites qu'elle existe. 
 
Pied à pied défendue,
portée haut dans nos voix.
Dans nos paroles en creux, 
 
faites qu'elle existe
 
et faites qu'elle survive
au travail du doute,
à nos passages répétés,
nos longues tergiversations.

Faites qu'elle survive,
faites, faites
que ma prière ne se perde
dans un silence sans bornes.

Faites ...

à quoi bon supplier le vide.

©  texte propriété Joel Carayon

lundi 6 octobre 2014

Wacances!

Laisser aller l'eau sans moi, où elle veut, le long de nos caniveaux, de nos fossés, de nos ruisseaux. Je vais aller voir ailleurs s'il y pleut.

Vacances me voilà, ne partez pas sans moi !
Vive l'Andalousie!

Mettre l'écriteau sur la porte :

« Absent pour la semaine et pour cause de congés bien mérités »
A bientôt !

samedi 4 octobre 2014

Lettre à l'oubli

http://pavillondulacdelouest.hautetfort.com/lettres-art/.
Pleure enfant triste repu de lune grise.
Larme après larme, note après note
construis l’îlot que ton pas foulera
au soir de ta nuit bleue. 
Joue, joue la chanson de nos pas perdus
et vous les pâles violons
aux sons travaillés dans la texture des ans,
portez sous l'archer ce chant lactescent. 
 
Regarde, enfant de lune,
là sous ma plume le reflet d'argent
caresser tes joues brûlées
au soleil radiant.

Regarde le nacre du lait au sein
que seule la sorgue te dévoile;
et danse et pleure et crie à pleine voix,

la mer, toujours elle,
glissera sous ton feu la paix de l'iode,
le tempo propice au repos.

Tu dormiras d'un sommeil blanc.

Enfant de nulle part,
vierge de toute racine,
file avec le vent nocturne
et fuis le jour qui naît dans sa lumière crue. 

©  texte propriété Joel Carayon
 

vendredi 3 octobre 2014

On n'a jamais vu ça!

Les arbres en parlent dans les courants du vent.
Ils ont tremblé sur leur racines détrempées et certains sont tombés.

La roche a roulé sous les trombes d'eau.
Et le fleuve s'est invité dans la ville à grands flots de colère.

De l'eau dans les cieux, de l'eau sur la terre qui regarde les eaux du ciel.
De l'eau à plein torrents.

De mémoire d'hommes, on n'avait jamais vu un tel assaut.
Et la pierre sourit et les arbres aussi
et le fleuve qui retourne chez lui hausse les épaules.

Ah petit homme à courte vue !

/www.tuxboard.com

jeudi 2 octobre 2014

Bienvenito


Un refrain se balance sous des cocotiers.
La ville.
Immeubles fiers et joyeux derrière leur façade décrépite.
Bienvenue Social Club.

Moteurs, marteaux piqueurs et la chanson El Campesino.
Les rues pleines des saveurs de la lumière avec les mâles qui regardent les femmes qui cherchent les mâles.
La musique glisse nostalgique se faufile sous les chemises tout près de la chair et les corps palpitent .
Piano et harmonie acidulés pudiquement se racontent rue des hommes au regard et cheveux noirs.

Les cœurs enflammés d'une gaieté blessée tournent et dansent.
Il y a des roulements dans la langue, du San dans leur foi.
La musique chante la rue sale, les façades noircies.
Des voix des rires des pleurs d'enfants.
Accords d'une vie hors America.

Il sont vieux.
Ils chantent, avec leur vie devant le micro.
Noirs et costumes blancs.
Joies gaieté guitare et blocus.
Trompettes et salsa.
Les filles se déhanchent, roulent leur fesse.
Elles savent qu'avec la musique monte l'ivresse.
Et leurs épaules se trémoussent, jouent sous des chevelures noires.
Gaieté. Gaieté sensuelle.

Les voix éraillées par le rhum ou élimées par le tabac
humblement se racontent du haut des balcons.
Et la rue les pleurs des enfants, les cris en arrière des chants,
les verres qui tintent,
les moteurs qui ronflent familièrement.
Le rhum.

Meringué, Cha Cha ou Salsa.
Le pianiste rit de ses noires et de ses blanches.
Des voix en échos résonnent dans les airs du vieux piano.
Benvenito Santiago de Cuba.
Sa figure et sa peau fatiguée.

Les clameurs du Son.
Vieille Buick au chrome piqué,
sans roues, abandonnée.
Murs de vert-pomme, chemise en accord.
Fenêtres arrondies au verre de rouge et bleu alternés.

Pincement léger d'une contre basse qui chantonne.
Applaudissements estompés.

Hasta la vista, hasta la vista Cuba .

Filles à marier.
Œillade à l'Americano. 

©  texte propriété Joel Carayon