lundi 29 septembre 2014

Jus de carotte (juste un verre)

Je suis un peu lapin à ma façon et j'aime les carottes. Sur mon petit écran à moi, il y a la carotte qu'il me faut.
Ma carotte d'or et d'argent, pleine de pognon, de tune ou de biffeton.
Ma carotte toute en rose qui se hanche se déhanche en tortillant son petit cul appétissant.
Ma carotte d'amour, son cœur grand comme ça, plus petit si je veux.

Ma carotte sur mesure.
Ma carotte d'abondance ! 

Attention ici on touche avec les yeux, on aime en rêve.
Mais c'est si mignon!

Ma carotte me suit partout, dans ma poche sur mon phone, ma tablette mon PC, sur mes yeux, devant, tout devant.

Elle devant et tous derrière !

Et le jour du printemps...

©  texte propriété Joel Carayon

jeudi 25 septembre 2014

Quelque chose comme un homme

La lame faite pour trancher par le fil de son acier trempé.
La lame froide avec une main ferme pour la guider, un bras déterminé pour animer la main qui tient la lame qui tient la vie sous son fil d'acier trempé.

Vie chaude qui voudrait crier.

La vie sous la gorge d'un homme étranger qui marchait dans les montagnes de ce pays où vit la lame d'acier rougie au sang de cet étranger qui aimait ce pays où vivent le bras, le torse, les jambes, le corps tout entier engagé dans un mouvement où le fil d'acier froid, va trancher le cou de cet homme qui aimait ce pays, marchait dans les montagnes avec des amis qui vivent ici.

Cet homme avec une femme, des enfants, petits enfants peut-être, qui-lui, pouvait pleurer, rêver, rire, aimer.

Vivre.

Tranché.
Dans un mouvement de haine ?

Par un corps sans tête sans pensées d'homme qui ne peut aimer rire pleurer, sans père ni mère enfants ni femme.

Une ombre gorgée de sang.

Ce soir quelque chose comme un homme a volé la vie d'un homme.

©  texte propriété Joel Carayon

mercredi 24 septembre 2014

Méditations

Au fond le monde se passe indifférent et l'homme s'inquiète du peu de place que les choses de la nature lui font.
Il imprègne la terre de sa rage. En vain! Le temps froidement gomme ses marques, arase la pierre qu'il a taillée jusqu'à la rendre pareille aux autres galets!
La forêt comme une marée verte se retire des espaces qu'il urbanise puis se répand dès qu'il s'éloigne.
La terre se venge de ses excès.
Transforme son délire de grandeur en menace pour sa destinée.

A coup de sermons ou de prêches il cherche dans le passage des ombres, un signe de son élection.
Victime de sa mégalomanie délirante en accuse les temps,
Quelques diables furibonds ou hasard statistique.
Ou bien il partira vers sa propre découverte saccageant et tuant tous ceux qui ne chantent pas la même partition.
Il y a comme de la dictature dans cette souffrance des hommes.
Un aveuglement coupable parce qu'ignorance.

©  texte propriété Joel Carayon

mardi 23 septembre 2014

La mer et ses miroirs (extrait)

Calme elle respire, caresse nos pensées, soulève sur sa vague bleue des visages et des paysages. Et la ribambelle des souvenirs entre deux eaux nage offrant au soleil ses reflets d'argent. Bientôt les voix se mêlent à son clapotis, bientôt sa respiration liquide discrètement, imperceptiblement accueillera le souffle régulier des vies, là-bas. A sa surface onctueuse, au soir qui apaise, l'orange pénétrant d'un soleil à son couchant dévoile la profondeur et le mystère de sa nudité juste un instant avant de s'immerger. Elle, faite de brume et de songe trouble l'histoire de nos doubles multiples où je me plais à nager entre les mondes.

©  texte propriété Joel Carayon

vendredi 19 septembre 2014

Toutes les larmes de tous les départs

Juste un mouchoir
blanc par dessus les cieux
la trace d'une vie d'un amour d'un ami,
une main ouverte posée sur la tienne.

Juste un mouchoir tendu sur la mer
gonflé des larmes du départ
que le vent du large emporte.

Toutes les larmes de tous les départs
dans une larme posée sur nos yeux.

©  texte propriété Joel Carayon

jeudi 18 septembre 2014

Lessive d'automne

Il y a en ce moment un livre qui fait ou a fait couler beaucoup d'encre, chez moi on dirait : c'est un épisode Cévenol.

Il y en a qui lavent leur linge sale en machine, regardent par le hublot tourner tous leurs ragots. Il y en a qui invitent père, mère, frères et sœurs dans de grandes lessives familiales et regardent de bouche en bouche tourner leur dégoût.

Les plus malins font d'une lessive deux coups, étalent leur linge en nos places publiques sur de longues pages écrites puis regardent tourner leurs affaires sonnantes et trébuchantes sur nos lave-cerveaux.

Qu'on le dise ou qu'on le taise, cela nous plaît de contempler les dessous d'une lingerie...pas très fine, malmenée dans nos machines.
C'est beau !
Aussi beau qu'une belle femme qu'on dénude sur d'autres hublots ?

©  texte propriété Joel Carayon

mercredi 17 septembre 2014

Adam et Eve ou un paradis perdu ? Dix de retrouvés !

Il y a des jours où l'on cherche ce qui va,
où l'on croise les doigts les paupières closes.
Des jours passés à fouiller le ciel
pour y trouver un paradis qu'on a perdu. 
Car là-haut tout est beau.

Évidemment !
Les hommes n'y sont plus
pour empêcher les étoiles de scintiller
les hommes n'y sont plus
pour chambouler le Voie Lactée,
mettre à feu et à sang
le royaume de Dieu.
Il nous a fait à son image dit-on ?
Alors il sait de quoi nous sommes capables,
alors il sait de quoi nous sommes coupables.

Ces jours là il vaut mieux chercher où l'on ira,
vers une chanson qui pousse sur le trottoir,
une passante brune qui fait des vagues
dans les regards mâles, des jalouses dans les autres.

Il y a des jours où l'on cherche ce qui va
et quand on est deux pour trouver, c'est mieux.
Il suffit d'un regard dans tes yeux
pour y voir mes étoiles briller,
la Voie Lactée plus blanche qu'un verre de lait.


Il y a des jours où l'on ne cherchera pas
puisque nous sommes deux.
C'est suffisant quand on habite un Paradis !

©  texte propriété Joel Carayon

lundi 15 septembre 2014

Labour ©

La peau remplie d'un vent qui la ride s'enfle d'écritures minuscules et mes rêves s'y perdent comme mes pas.
C'est la faute du laboureur !
Il y plante le soc de sa charrue. Méticuleusement il en fouille et retourne les moindres recoins.
Cette peau qui me protège se fatigue à renaître sans cesse griffée, ouverte, offerte à toute intempérie, se désole s'excuse de m'exposer à l'infatigable comptable des heures.
Je voudrais bien l'aider (il en va de ma vie) chasser d'un revers de la main la minute qui bourdonne à mon oreille, me pique et boit ma mémoire.

samedi 13 septembre 2014

A corps perdus



Je m'étale sur ma plage fidèle à mes galets et dans la lumière crue, les silhouettes habituelles toujours aussi trans, trans-sexuelles, transformées. De belles hommes en tenue d'Eve, de beaux femmes en costume d'Adam. Beaux mecs à cul arrondis bronzés de haut en bas sans une tâche de blanc sur la peau, le blanc pur n'est pas très mode. Sous le grand lampadaire ils palabrent, avec la mer à côté qui les écoute à peine et continue son gazouillis habituel de vagues en vagues.

Offert à la cuisson de juillet je les vois sous mon bras, moi qui bronze hétéro côté pile-côté face, l'amateur versus les pros. Y a pas photo. Ils déambulent dans les coulisses de la plage derrière le rideau des tamaris maigrelets. En creux leurs corps sur les herbes couchées. La ronde dans l'indifférence feinte. Mais bel homme, ton regard trop longtemps fixé sur la ligne bleue de l'horizon te dénonce, tu scrutes, tu cherches l'âme seule, ta compagne. C'est le marché dans l'arrière boutique. Sur le plateau au ras de l'eau le mannequin s'expose, se laisse toucher du bout des cils. La pose soignée, le soucis du détail. Pas un poil sur ces peaux noircies. La mode est au lisse. Statues de bronze aux muscles travaillés en salle.

J'aime bien les observer. Le plus souvent par petits groupes ou seul aussi, ça arrive. Et puis cette touche gracile dans le mouvement, ce coté délicat même quand ils débordent de muscles. Leurs affaires bien rangées dans le petit sac à dos ou un sac tenu à la main, toujours esthétique pas le machin plastique du supermarché du coin, faute de goût impardonnable, voyons. Leurs gestes de tendresse : la main qui effleure , le regard soutenu, la proximité des corps dans l'eau. Ça me surprend toujours un peu et je me sens souvent légèrement mal à l'aise, très légèrement, pas plus allons. Mais je ne dis rien, je reste parfaitement digne, le regard nimbé d'un zeste de détachement : Voyons, je suis très ouvert mon cher. Je les trouve plutôt sympas, discrets la plupart du temps – ici du moins.

Mais il y a aussi ceux qui tapinent sous l'aqueduc millénaire, se plantent sous le réverbère, s'affichent à vendre, à louer quelques minutes, une heure, pour la nuit. Agencés manière de dire : admire la caisse, regarde les cuisses. Elles sont pas belles mes cuisses et mon teint de tante ? Et qui sait, ta tristesse planquée sous le rimmel, qui coule après la fête . Avec ta belle perruque blonde, tes longues bottes de sept lieues. A vendre, à louer, une heure ou deux. Avec sous le fard une plainte camouflée.

Je te vois dans mes phares quand je rentre au foyer. Sous ton lampadaire. Transformé. Tu dis rien, tu restes planté sur ton bout de trottoir, figé, juste des yeux que la lumière dure accroche au passage. Tu es heureux, autant ou moins que ta copine femme hétéro sur le trottoir d'en face ? Qui s'arrête pour te demander combien ? Dame Nature tu les as trompés, t'as truqué la marchandise ? Ces hommes, ces femmes tripotés, trafiqués, bricolés chez le chirurgien qui compte, encaisse. Le malheur des uns contre le bonheur des autres. Plasticien es-tu musicien des corps ou artiste du portefeuille ?

©  texte propriété Joel Carayon


jeudi 11 septembre 2014

Héros anonyme

Monsieur B nous a quittés.
C'est écrit sur le tableau mural à l'entrée de l'immeuble. Il ne me parlera plus de sa carrière militaire ni de sa clarinette et de son orchestre de jazz, au temps où il était jeune. Je ne sourirai plus captivé par la danse de sa langue qui profite du bavardage pour montrer son bout rose à la commissure des lèvres.

Je ne verrai plus mon vieux voisin ni son épouse, petite femme brune les yeux étincelant de vie. Elle est tombée un jour et ne s'est plus tout à fait relevée. Les pompiers sont venus. Monsieur B était plein d'une grande inquiétude. Sa bosse avait légèrement grandi ce jour là. La bosse dans le dos où il rangeait ses ailes d'ange, je suppose. Et je suppose aussi qu'elles avaient très envie de se dégourdir un peu les plumes, de battre l'air et même de gagner le Royaume des Anges.
Le royaume, qu'est ce que je dis, moi ! Le Royaume comme si le Royaume des Cieux existait, non bien sûr ! La République des Cieux, la République des Anges bien sûr, cela va de soi !

Ce jour là, je me souviens, le vieux monsieur courait – si l'on veut, dans tous les sens. Il ne savait plus à quel saint se vouer le pauvre ange quand sa petite brunette assise par terre en attendant les pompiers, regardait autour d'elle le royaume des hommes avec l'étonnement de quelqu'un qui n'est plus tout à fait d'ici. Elle est partie sur un lit blanc, dans la voiture rouge des pompiers emportant avec elle la main et un gros morceau du cœur de son vieux mari.

Elle est revenue un beau jour sur son lit blanc, comme une étrangère et mon vieux voisin s'occupait d'elle autant que ses jambes, ses bras, sa tête et tout le reste pouvaient le faire à l'âge que tous partageaient. Soir et matin, il montait les escaliers vers le paradis et s'arrêtait un peu avant sûrement. Il les descendait aussi. C'était un peu l'enfer pour lui. Son épouse restait chez eux entre ciel et terre en attendant de choisir. A-t-elle choisi assez vite ? C'était urgent et difficile : laisser son mari et toute une vie à deux ici bas ou bien partir pour un ailleurs de brume. A-t-elle choisi à temps ? Mon vieux voisin a usé tout le reste de sa vie dans les escaliers. Ses ailes d'ange se sont enfin déployées et il les a accompagnées dans la République des Anges où il séjourne maintenant parmi les héros anonymes.



mercredi 10 septembre 2014

bluesy bleu


















Elle m'a dit des paroles sombres.
Je n'ai rien dit.

Et ce matin ce ciel qu'un soleil d'été tiédit se voile d'une rouille au goût de limaille.
Vite il me faut vider mon jour des mots de gris, vomir l'acide d'une nuit passée dans le bruit du sac et du ressac de ce liquide si amer. Ces maux qui m'habillent d'une encre trop noire pour mes yeux.

lundi 8 septembre 2014

Macho

Macho, machi macho Macha Micha Macho. Vlan je te mandale ma belle ! La femme doit préparer le repas pour l'homme quand il rentre, bourré ou non. Vlan ! Pour t'apprendre ma chérie que je suis le maître ici. Vlan ! Faut que je te le rappelle de temps en temps sinon j'oublierai. Allez à la maison bobonne, avec les gosses pendant que je vais rôder. Et gare à toi! Je contrôlerai ton téléphone ! Macho machi Matcho.

Raide comme le balai qu'il n'a jamais touché. Lavé à l'amidon, ses idées aussi. Dans sa panoplie le costume des braves, mercenaire du coup de poing. Fier, arc-bouté sur sa virilité comme un danseur de flamenco. La bague en or, la chaîne en or, le tatouage : A bobonne pour la vie ! Le roi du Ricard : tu bois, MAIS, mais, mais t'es jamais soul, la classe ! Tu dragues avec ton quat'quart, ta décapotable allemande. La bagnole! Des patates, des oeufs pour les gosses et la femme mais la bagnole, faut ce qu'il faut. On rigole pas avec la beauté mécanique. Plus c'est gros plus ça veut dire que tu te sens petit à l'intérieur. Je développerai pas. Ta bagnole, ta belle, une prothèse en bonne et due forme.

Ah on sait où te trouver! La dernière boîte à la mode -à la mode de chez toi,évidemment. Avec ta chérie carossée chez BM ou encore mieux chez Dodge quand t'es plein aux as, juste devant l'entrée. Tu dois arriver sacrément en avance, dis moi! T'es sérieux finalement dans ton genre. Ah je te vois, t'es au bar. Bla bla bla, le geste ample, la voix forte, le rire tonitruant. Conquistador. Et comme dirait Bashung : Conquise tu m'adores ( bof j'ai pas compris la blague je sais pas où est le jeu de mots). T'as le billet facile style : t'as vu BB, j'en ai. Avec moi tu vas pas t'ennuyer. Ah ah ah! On rit à ta blague carambar même si on trouve ça lourd, lourd, mais bon c'est toi qui paie, alors... Tu fais le chaland, le chant en solo, le trémolo, le crooneur de banlieue. Et les filles à macho ( les pille-pigeons) t'adorent. Et toi : t'as de beaux yeux tu sais! Tu es formidable, comme dirait le chanteur Stromae... Macho,macho regarde La Blonde plaquée, carrossée façon Maryline! T'as le ticket!
Bobonne va se coucher seule ce soir. Elle échappera à la raclée du mari vesté. Maigre consolation.

©  texte propriété Joel Carayon

Sacré Lapin


Le Magicien s'approche ; dans la main gauche le mystère et dans l'autre un morceau de sucre. Dans la troisième c'est à dire ce petit tabouret qu'on ne voit pas parce que recouvert du mystère de la main gauche, un verre rempli à moitié d'une eau qu'on ne voit pas non plus. C'est pour cela qu'il y a un trait au milieu sinon... le mystère s'épaissit.
Le Magicien jette le morceau de sucre dans l'eau du verre, l'eau qu'on ne voit pas et heureusement qu'il y a ce trait au milieu pour signaler le mystère. Du bout de sa baguette noire sortie de nulle part- certainement de son chapeau me souffle Le Lapin, du bout de sa baguette noire qu'il tient délicatement entre le pouce et l'index d'une de ses mains, je ne me souviens plus laquelle, il tourne tourne. Dans le verre ça fait un joli tourbillon où le sucre peu à peu disparaît !
Bravo, bravo !
Et devant mes yeux ébahis, mon voisin Le Lapin de me glisser à l'oreille : avec un peu de poudre de perlin pin pin, les promesses sont rondes en bouche, sucrées puis salées, amères au final.
Promesses qui lavent plus blanc que blanc pour un monde meilleur. Ici-bas ou dans l'au-delà , selon le magicien.

Sacré Le Lapin !

©  texte propriété Joel Carayon

http://loniriumillustre.files.wordpress.com/2012/05/lapin-magicien

vendredi 5 septembre 2014

Musique de l'été

II

Journée langoureusement affalée dans l'ombre diaphane de quelques rares végétaux. Torpeur. Clichés de vacanciers. Musique largement dévêtue, la mer dans son décolleté et sa trace saline comme une caresse déposée à l'échancrure. Un œil alangui s'y promène glisse au delà, dans la pénombre chaude. Une coulée de brise fraîche anime un sourire d'aise. Lèvres humectées de rouge. Saveur de corps qui s'abandonnent aux délices de sable et d'eau. Dans vos souffles, les voix maritimes et pénétrantes. Peau gorgée de soleil offerte au farniente, peau gourmande de promesses. Rires.

©  texte propriété Joel Carayon
Roger Toulouse 1937 photo Renaud Camus